Le pari de la clinique

 

La thèse que j’ai soutenue en novembre 2018 à l’université Paris Nanterre est désormais disponible à la lecture en ligne. Cette recherche doctorale, consacrée à l’enseignement de la philosophie au lycée et dirigée par Philippe Chaussecourte, professeur à Paris Descartes, s’inscrivait dans le cadre d’une clinique d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation.

Mon intérêt pour la démarche clinique de recherche remonte à 2007 : au cours de cette année, m’apprêtant à reprendre des études à Nanterre afin de me former à l’analyse des pratiques professionnelles, je découvris l’ouvrage de Claudine Blanchard-Laville, Les enseignants entre plaisir et souffrance. Cette lecture constitua pour moi un moment décisif dans ma compréhension de certaines difficultés que je pouvais rencontrer dans ma pratique professionnelle, difficultés inhérentes à l’enseignement en général et à la transmission d’une certaine expérience philosophique, en particulier. 

Dans un chapitre d’ouvrage consacré aux sciences de l’éducation et paru très récemment, chapitre intitulé Le pari de la clinique d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation, Claudine Blanchard-Laville, rappelant quelques-unes des étapes qui l’ont amenée, de proche en proche, à partir d’une formation initiale de mathématicienne, à intégrer le département des sciences de l’éducation à l’université de Nanterre, souligne les spécificités de la démarche clinique dans ses dimensions de recherche et de formation. Que signifie le mot clinique lorsqu’il est employé pour qualifier une démarche de production de connaissances en sciences de l’éducation et quel travail spécifique le chercheur clinicien effectue-t-il dans ce champ ? Quels liens cette clinique de recherche entretient-elle avec la psychanalyse, discipline dont le travail de théorisation, étayé à partir d’une pratique, celle de la cure, est constitutif de son orientation théorique ? Quel rôle l’écriture peut-elle jouer dans le processus de recherche qui fonde le clinicien à proposer, à partir de l’analyse d’un matériel empirique — entretiens, observations — des hypothèses interprétatives ? Enfin, quelle clinique de l’accompagnement cette démarche permet-elle de mettre en œuvre auprès de doctorants engagés dans un processus d’écriture ou auprès de professionnels du lien, enseignants, éducateurs, formateurs ?

Comme on peut le comprendre en lisant ce chapitre d’ouvrage dont les nombreuses questions et mises en problème dessinent autant de perspectives de réflexion, la clinique d’orientation psychanalytique en sciences de l’éducation constitue un engagement inventif et exigeant. C’est ce pari de la clinique qu’évoque Claudine Blanchard-Laville dans cette vidéo qui figure dans la bibliothèque audio et vidéo de son site.